skip to Main Content

Disparition de Roland Pidoux – les témoignages

Le monde du violoncelle et de la musique a unanimement salué Roland Pidoux mardi 30 septembre à Saint-Augustin.
L’AFV vous propose de prolonger cet hommage par le partage de témoignages dont nous publions une première série, amenée à s’élargir – nous l’espérons – par celui que vous voudrez bien nous proposer…. (à envoyer à afv.violoncelle@gmail.com)

Témoignages

Vincent Courtois
Je compte évidemment beaucoup moins de souvenirs que les violoncellistes dont Roland, pendant plusieurs années, fut l’exclusif professeur. Pourtant, quand je pense à lui, quelques sensations à jamais gravées, me donnent envie de me prêter, à la façon de Georges Pérec, au célèbre exercice du « je me souviens » :
-Je me souviens de ce disque vinyle, usé jusqu’à l’inécoutable…des duos d’Offenbach avec Etienne Péclard. Je me souviens de la pochette et de cette caricature de Roland, hilare.
-Je me souviens de mon premier cours au stage de Pontlevoy. Il m’avait aidé à mieux appréhender les démanchés de la première page de la symphonie concertante.
-Je me souviens du bel appartement de la rue Condorcet
-Je me souviens de sa posture toujours très droite et de son port de tête
-Je me souviens de ce concert à Pleyel où j’avais joué avec mon premier groupe, avant qu’il dirige un orchestre de 101 violoncelles !
-Je me souviens, bien des années plus tard, de ma surprise puis de ma gêne quand il m’avait demandé de le tutoyer.
-Je me souviens de sa curiosité et de son sincère intérêt quand il était venu écouter une de mes sessions d’improvisation, dans un stage, en Corse.
-Je me souviens de ma fierté presque infantile, après qu’il m’a complimenté sur mon spiccato
-Je me souviens à Gaveau, de cette soirée en l’honneur de Philippe Muller et de la sensation de sa présence attentive à jardin.
-Je me souviens de notre dernière rencontre dans la cour d’un bel hôtel particulier du Marais lors d’un concert, où il avait interprété un superbe quintet de Schubert
-Je me souviens de son regard pétillant, ironique, malicieux et de son large sourire.
Et puis surtout, je n’oublierai jamais cette belle main droite posée sur l’archet et ce magnifique son de violoncelle, large, plein, chaud, puissant…

Ophélie Gaillard
Tristesse d’apprendre le décès de Roland Pidoux, immense et généreux artiste, qui m’a si souvent inspirée et guidée depuis mon adolescence.
Il m’a guidée à de nombreuses reprises, de loin en loin sans pour autant devenir mon professeur, l’air de rien, dans des moments de désarroi parfois, depuis mes 14 ans.
Un son, une voix, un regard, qui ne trompent pas.
Une intuition bienveillante et généreuse sans paternalisme, une relation profondément charnelle avec la musique.
Une manière de « faire musique « grâce à l’alchimie des sons avec des caractères si loin-si proches que sont ceux de ses partenaires Jean-Claude Pennetier et @regispasquier.
Je suis triste, mais j’esquisse un sourire chaleureux, je ressens une irradiation de tendresse ardente et tranquille quand je prononce son nom, quand j’écoute son Fauré dont il m’a fait « éprouver » et ressentir la beauté harmonique qui me fascinait.
Et je ris en repensant à ses exercices de pinceau avec l’archet, un archet gourmand, souple, puissant et subtil.
Merci Roland.

Catherine Fléau
J’ai été élève de Roland Pidoux au cnsmdp de 1993 à 1996 ..
Rentrée avec une epicondylite au cnsmdp , Roland a été tellement bienveillant et soutenant qu’il m’a payé des séances d’acupuncture car , n’étant qu’étudiante , je n’avais pas les moyens de payer ses séances ..
Quel professeur humain et empathique j’ai eu la chance d’avoir !!!
Il est celui qui m’a redonné confiance en moi car il était, tout simplement gentil et sensible aux autres ….

Pierre Jeandron
Je suis étudiant violoncelliste et j’ai passé le concours d’entrée au CNSM de Paris en 2023. Roland Pidoux était invité par mon professeur (qui était son élève à Paris) à notre rodage pour nous donner des conseils quelques jours avant le second tour.
Je garde un très fort souvenir de ce grand monsieur, de sa gentillesse, son humour. Ses conseils m’ont guidé pour l’entrée au CNSM, mais me guideront également tout au long de ma vie de musicien. Merci à vous pour ce moment avec vous, et pour ce que vous m’avez donné ce jour-là : j’en garde un fort souvenir.

Elène Moysan
Elène Moysan nous propose un lien vers l’interview de Roland Pidoux qu’elle avait réalisé en 2012 :
https://www.davydov.bzh/entretien-avec-roland-pidoux-20-09-2012-fait-a-paris-france/

Martin Hirsch
J’ai eu le privilége, à l’âge de 16 ans de devenir l’élève de Roland Pidoux. Je me souviens quand il m’avait auditionné, j’avais eu l’immense bêtise d’avoir choisi la sarabande de la deuxième suite, que je massacrais encore plus que d’habitude, impressionné par ce maître que j’avais souvent entendu jouer avec le quatuor via nova, notamment dans ce qui reste mon interprétation préférée des dernières paroles du Christ de Haydn. Il m’a laissé jouer jusqu’au bout, puis m’a juste dit « c’était moins bien que quand Rostro l’a joué aux obsèques de Pablo Casals ».
Les leçons étaient fantastiques. Quand j’arrivais, soit Roland n’est pas encore rentré et arriverait deux ou trois heures plus tard, soit il était en train de répéter avec le trio et la leçon qui était programmée à 18H avait lieu vers 21 ou 22h. J’étais de loin son plus mauvais élève, mais il avait cette capacité de vous faire aspirer à jouer mieux, avec une extraordinaire mansuétude et une grande fougue. Ensuite, il s’apercevait qu’il était tard et que j’habitais en banlieue et me raccompagnait chez moi, sans beaucoup de respect pour les feux rouges et les limites de vitesse.
Cela je m’en souvenais comme si c’était hier. Mais lui m’avait très logiquement complètement oublié. Un jour que j’étais invité à parler de ma passion pour le violoncelle dans une émission de France Musique, je mentionnais le privilège que j’avais eu d’être l’élève de Roland Pidoux. Un auditeur rapporta cela à Roland qui n’en avait pas le moindre souvenir. Il voulut en avoir le cœur net et me recontacta ( c’était trente ans plus tard… ) et nos souvenirs remontèrent. Et je fus à nouveau son élève dans l’ensemble de violoncellistes amateurs qu’il avait rassemblé et auquel il faisait jouer ses adaptations d’œuvres variées, avec toujours la même passion et la même énergie. J’eus ainsi le privilège d’être son ami après avoir été son élève.

Pierre Landy
Lorsque j’étais enfant et encore élève au conservatoire de La Celle St-Cloud, j’ai pu assister à un concert en duo des Pidoux père et fils. Je garde un très grand souvenir des pièces de Popper et d’Offenbach que j’entendais pour la première fois. Je me souviens qu’un des Pidoux avait précisé « pour jouer ces duos, il faut être bien encordé ! ».
Merci Roland, et bon voyage.

Back To Top