Le violoncelle en fête : l’album souvenir d’une belle réussite de l’AFV au Conservatoire de Puteaux les 18 et 19 Novembre 2023
En 2020, l’AFV devait fêter ses 20 ans, le programme était établi, la date fixée… mais la pandémie a suspendu le projet. Ce n’était que partie remise, les 18 et 19 novembre derniers l’AFV et le violoncelle étaient en fête dans les magnifiques locaux du Conservatoire Jean-Baptiste Lully à Puteaux, mis à notre disposition grâce à l’intervention de Bertrand Malmasson.
Un grand merci à la mairie de Puteaux, au personnel du Conservatoire, pour leur aide précieuse et leur générosité.
Ces deux journées furent riches en évènements variés devant un public venu nombreux.
Pour ceux de nos adhérents qui n’ont pu faire le déplacement ou se rendre disponibles pour ces
festivités, nous nous devions d’en faire un compte rendu détaillé…
Samedi 18 novembre
Accueillis dès leur entrée par le stand de l’AFV installé en haut de l’atrium – vaste hall vitré aux gradins de bois – les adhérents et le public de Puteaux ont pu découvrir les premières photos sélectionnées pour l’expo Baquet-Doisneau, mises à notre disposition par la veuve de Maurice Baquet,
et dont plus de 30 clichés originaux étaient ainsi disposés tout autour de l’Atrium.
Et d’emblée la musique se faisait entendre au pied des gradins : l’ensemble de violoncelles, réuni pour l’occasion par Bertrand Malmasson et Raphaël Brégain – les deux professeurs de violoncelle du conservatoire de Puteaux – entonnait trois chorals de Bach transcrits par Odile Bourin. En cette journée qui allait mettre Pablo Casals à l’honneur – l’AFV ne pouvait manquer la commémoration du cinquantième anniversaire de sa disparition le 22 octobre 1973 ! – l’ensemble s’était mis aux couleurs de l’Espagne, au propre comme au figuré : habillés de jaune et de rouge les 37 violoncellistes de niveaux, âges et profils mélangés ont alors proposé, sous la baguette de Bertrand Malmasson, une pièce de Francisco Tarrega, Recuerdos de la Alhambra suivie de San Martì del Canigo de Pablo Casals, avec pour invité Xavier Gagnepain qui tenait la partie de soliste. Le public, ravi de l’ancrage local de l’ensemble, a répondu présent : les gradins étaient remplis, le ton était donné…
Pour poursuivre notre hommage à Pablo Casals, quoi de mieux alors que la découverte de ses compositions originales pour violoncelle et piano sous la houlette du grand violoncelliste catalan Lluis Claret, filleul de Casals ? Celui-ci nous a ainsi fait l’honneur d’animer une masterclass au format original qui proposait d’écouter dans la foulée chacune de ces œuvres – somme toute assez peu connues – dans l’ordre chronologique de leur composition, suivies par un temps d’échanges.
Pastoral (1893), Rêverie (1896), Full d’Album (1897), Romance (1897) et Poème (1917) ont ainsi été
respectivement interprétées par Ismaël Carim-Lahfidi, Volodia Van Keulen, Alex Olmedo, Albert Kuchinsky et Soni Siecinski.
Ces cinq jeunes violoncellistes, tous passés par les CNSM ou Pôles Supérieurs et venus avec leurs propres pianistes, nous ont offert des prestations remarquables. Ils ont alors pu profiter d’un moment de partage individuel et fructueux avec Lluis Claret – qui lui-même a enregistré toutes ces œuvres. (écouter sur Spotify)
Devant un public nombreux et attentif, ce dernier – arrivé de Boston le matin même et en pleine forme à 72 ans – a su, pour chacun, trouver des angles d’amélioration musicale et technique tout à fait pertinents. Sa pédagogie subtile et bienveillante a aussi permis aux spectateurs de bien comprendre les changements qu’il leur suggérait.
Cinquante ans après la disparition de Casals, nos cinq violoncellistes, tous dans la vingtaine, pouvaient alors profiter de cette filiation directe.
Puis Jean-Jacques Bedu, biographe de Casals, (« Un musicien, une conscience » Ed.
Découvertes Gallimard) membre de la Chaire Pablo Casals pour la Paix et les Droits de l’Homme à l’Université de Catalogne, a évoqué de manière très vivante la vie du maître.
Le pot de l’amitié très sympathique et convivial qui a suivi, a permis des échanges entre les musiciens, les spectateurs et les membres de l’AFV.
La journée s’est clôturée par notre Assemblée Générale à laquelle tous les adhérents de l’association étaient conviés.
Elle était présidée par Xavier Gagnepain aux côtés de Dimitri Leroy, Secrétaire Général chargé de la Trésorerie.
Dimanche 19 novembre
Pour remettre en forme les musiciens et les organisateurs du week-end, en prélude au concert du dimanche matin, la journée a commencé par un petit déjeuner, offert et organisé par la Mairie de Puteaux dans la cafétéria du conservatoire.
Dès 10 h 30, « la girafe confite », un spectacle musical rempli d’humour et de qualité musicale, conçu et interprété par trois comparses (Anne Baquet, chanteuse, Christine Fonlupt, pianiste et Valérie Aimard, violoncelliste), a enchanté les nombreux spectateurs de l’auditorium du conservatoire, les petits comme les grands, et a su transporter une salle comble dans différents univers musicaux.
Dès le tout début d’après-midi et pendant les répétitions des ensembles de violoncelles, un temps était prévu dans l’atrium pour une prestation de violoncellistes amateurs en groupes de musique de chambre. On a ainsi pu apprécier deux mouvements du trio Dumky de Dvorak par Béatrice Bourguin (violoncelle) avec Marie Moatti au violon et Bruno Moatti au piano, puis deux préludes de Chostakovitch dans une version pour deux violoncelles et piano par Mai Poidevin et Lionel Rodas accompagnés par Catherine Rebours
Après ce moment musical, les personnes présentes ont été invitées à découvrir l’atelier d’initiation à la technique Alexander animé par Marina Nguyen The, professeure de violoncelle au conservatoire de Levallois-Perret et diplômée de cette discipline. Assistée par Jean-Christophe Marcq, étudiant en cours de formation, elle nous a fait prendre conscience des différentes parties et articulations du corps, en donnant quelques fondamentaux de bonne posture et en travaillant sur la disponibilité corporelle.
La salle était pleine de personnes curieuses de découvrir cette manière de faire usage de
son corps. La concentration et l’attention étaient palpables. Tous les participants étaient studieux et ont effectué les exercices proposés dans un calme olympien. Ils sont sortis détendus et intéressés par cette découverte.
Pour continuer l’après-midi, les participants ont pu assister à une conférence sur la pratique de la musique en situation de handicap. Soni Siecinski, jeune violoncelliste atteint d’une malformation à la main gauche depuis sa naissance, est venu nous en parler.
L’ergothérapeute qui l’accompagnait nous a expliqué les différentes étapes de la réalisation d’un gant spécial qui lui maintient l’archet dans la main. La fabrication par 5 luthiers de son violoncelle « inversé » adapté à son handicap, a été financée par l’Association Talents et Violoncelles et par l’AFV (« Le Violoncelle » n° 72).
Pendant ce temps, une surprise attendait nos adhérents dans l’atrium : le désormais célèbre violoncelle aux cent signatures mis à l’honneur dans notre dernière parution (« Le Violoncelle » n° 83) était là en personne avec son impressionnante collection de signatures et citations de célébrités gravées sur le vernis du dos et sur les éclisses de l’instrument, que le public pouvait s’amuser à déchiffrer.
Pour clore le week-end en feu d’artifice, le concert final offrait un programme très éclectique, assuré par plusieurs musiciens soutenus par l’AFV au cours de ces vingt dernières années.
Soni Siecinski avec son magnifique partenaire Etienne Caron ont ouvert le bal avec la sonate op. 102 n° 1 de Beethoven.
Pauline Bartissol et Marine Perez nous ont présenté un moment poétique de musique contemporaine avec deux œuvres solo pour violoncelle et pour flute du compositeur vietnamien Tôn-Thât-Tiêt suivies d’un duo d’Eliott Carter.
Un moment particulièrement original du spectacle fut cet étonnant voyage en Mongolie proposé par un duo composé de Chinguun Ganbat au violoncelle et Dalaijargal Daansuren au morin khuur. Ce curieux instrument à tête de cheval, lointain cousin du violoncelle, ne possède que deux cordes qui, tout comme l’archet, sont aussi constituées de crin de cheval.
Leur prestation a soulevé l’enthousiasme d’un public subjugué aussi par leurs démonstrations étonnantes de chant diphonique.
Puis une Suite Campagnarde pour 4 violoncelles, (Valérie Aimard, Marie-Paule Milone, Emmanuelle Schreiber, Clelia Farago) commande de l’AFV à Alain Bernaud en présence de Frédéric Borsarello qui en avait suggéré l’idée.
Pour conclure le week-end, l’ensemble de violoncelles de l’AFV a inclus violoncellistes professionnels et amateurs pour interpréter le magnifique Plorate Filii Israel extrait du Jephté de Carissimi, (transcription Xavier Gagnepain).
Il ne restait plus qu’à boucler la boucle : 12 violoncellistes ont interprété les Rois Mages de El Pessebre de Casals, toujours sous la baguette de Xavier Gagnepain qui a alors repris son violoncelle pour faire entendre, comme le faisait presque toujours le Maître à l’issue de ses concerts, son célèbre et désormais universel arrangement du Chant des Oiseaux, accompagné par tous ses collègues violoncellistes. Longue vie à l’AFV…