Casals et nous...

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Ptiscarabé
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Casals et nous...

Message par Ptiscarabé » ven. mai 02, 2008 9:48 am

Tous les grands violoncellistes d'aujourd'hui semblent avoir rencontré P. Casals...sorte d'épreuve ultime pour devenir un musicien complet. Lorsque nous lisons un article où un violoncelliste parle de Casals, il témoigne toujours d'un grand moment de musique et blablabla et blablabla...
Avec ma bêtise et les 2 ou 3 mauvais enregistrements que j'ai eu la malchance d'entendre, je ne comprends pas cette admiration.
Quel est votre sentiment?
Ou se trouve la motivation de votre passion musicale à cet homme?

PS: pas de blabla sur la politique et son courage, ce n'est pas la question.

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Testore
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Re: Casals et nous...

Message par Testore » ven. mai 02, 2008 10:01 am

apprécier Pau Casals, c'est s'etudier soi meme.
c'est admirer l'humanisme transcendé par la musique,l'alchimie révélée de ce qui fait de nous des musiciens, et qui forge en notre fort interieur, les sens meme des combats pour lesquels
nous defendons notre visions artistiques.

Tirer sur Casals, c'est détruire la fondation du violoncelle du 20 eme siecle.
Rencontrer cet homme , devait etre comme rencontrer Yoda en vrai..

et pero, je prefere rencontrer yoda, que Brother Hair Cello. :idea: ou miss marple :lol:

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LaCordeSensible
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Re: Casals et nous...

Message par LaCordeSensible » ven. mai 02, 2008 10:20 am

Ptiscarabé a écrit : Ou se trouve la motivation de votre passion musicale à cet homme?

PS: pas de blabla sur la politique et son courage, ce n'est pas la question.
Admirer Casals, c'est admirer l'essence d'un musicien dans son contexte artistique et historique. Tu ne peux hélas pas dissocier son parcours artistique de la politique et de son courage... Au même titre que Rostropovitch, c'est un homme qui a contribué a l'essort formidable du violoncelle au XXè siècle.
Je suis très très loin d'avoir entendu toutes ses interprétations mais, lorsque je l'écoute, je le replace dans son contexte historique. Je ne peux comparer une interprétation de Casals et de... allez, Sonia W-A (vf n°27 de la revue :wink: ) car, le contexte musical de l'époque est incomparable. La notion d'interprétation ne bénéficie pas de la même expérience, de la même philosophie ni même des mêmes avancées techniques ! (bon je m'approche du HS mais pas tant que ça non plus).
" La musique c'est de l'amour, des sons qui circulent entre les êtres qui sont sur la même longueur d'onde "

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lolec
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Re: Casals et nous...

Message par lolec » ven. mai 02, 2008 8:47 pm

ben après vous deux que dire de plus Casals est l'homme qui a donné une grande impulsion à l'évolutuion du cello, humainement impliqué et musicalement il incarne son instrument! :wink:
"je suis de plus en plus convaincu que la source profonde de toute grande entreprise doit être la force morale et la bonté"
Pablo CASALS

papacello
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Re: Casals et nous...

Message par papacello » sam. mai 03, 2008 7:46 am

Je ne connais pas assez bien les interprétations des suites de Bach par Casals. Mais j'ai l'impression qu'il suffit d'écouter son interprétation des Sonates de Beethoven (avec Rudolf Serkin)... notamment celle de la sonate n°3... sans doute pas l'interprétation la plus brillante, mais de loin celle que je préfère (et pourtant, il y en a bien d'autres qui donnent la chair de poule...).
Juste écouter...

Carnyx
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Re: Casals et nous...

Message par Carnyx » jeu. juil. 31, 2008 10:46 pm

Je viens de regarder cette vidéo et je suis impressionné par le son (je sais que l'homme y est pour beaucoup :wink: )

Quelqu'un sait-il sur quel violoncelle joue Pablo Casals ?

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Re: Casals et nous...

Message par JBap » jeu. juil. 31, 2008 11:29 pm

Quelque soit son violoncelle, il ne jou plus dessus le pauvre lol
Il avait entre autres un M. Goffriler
Les critiques sont comme les eunuques : ils savent, mais ne peuvent pas. S. Guitry

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loulou35
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Re: Casals et nous...

Message par loulou35 » mar. août 12, 2008 6:28 pm

Excellent sujet que celui d'un regard du XXIème siècle sur Casals. Les personnes déçues à l'audition des enregistrements de Casals sont légion mais rares sont les grands instrumentistes à avoir commis le crime de lèse-Casals en public (il me semble que Janos Starker n'a pas TOUJOURS été très tendre avec lui mais je peux me tromper).

C'était sans nul doute un exceptionnel violoncelliste notamment au début du siècle (il est né en 1876) si on le compare avec les critères d'aujourd'hui aux violoncellistes de son époque. Allez chercher en médiathèque "The History of Recorded Cello" et vous hurlerez de rire en entendant les prestations de ses contemporains datées d'un siècle chronologiquement, mais d'une éternité techniquement et stylistiquement. L'évolution avec ses contemporains et ainés est manifeste selon nos critères, elle l'est aussi selon les critères du XIXème: Popper déplorait sa sécheresse interprétative.

Fort de sa réputation, il est devenu le violoncelliste principal de "La voix de son maître" avec -entr'autres- son enregistrement célèbrissime des suites de Bach, ce qui a étendu son audience 20 ans plus tard, lorsque le microsillon a remplacé le 78 tours (il fallait une valise de 78 tours pour avoir les suites de Bach en entier). Son association en trio avec Thibault et Cortot a également été gravée dans la cire, avec quelques enregistrements fondateurs du grand répertoire piano, violon, violoncelle où certains voient encore des références, et tous des témoignages irremplaçables.

De manière à peu près contemporaine à cette période HMV (His Master's Voice), a éclaté la guerre d'Espagne dans laquelle il a choisi l'exil, comme le fera Rostro plus tard. C'est bien l'association du militant et du violoncelliste enregistreur qui a achevé de mettre sur orbite Casals ad vitam eternam.

Si on compare les gravures de Casals avec d'autres enregistrements contemporains dans les années 30, force est de constater que techniquement son jeu a plus mal vieilli que d'autres: Feuermann, bien-sûr, espèce de météore auquel certains profs continuent -à juste titre- de se référer, mais aussi Fournier (sa sonate Arpeggione enregistrée dans les années 30 reste d'une modernité sidérante), et encore quelques oubliés dont Paul Grümmer. Relativisons néanmoins en remarquant que Casals avait la soixantaine, quand la génération montante pesait 30 ou 40 ans de moins sur la balance des âges. Casals a nettoyé l'art de jouer du violoncelle, avant que Feuermann ne le décape sciemment et entièrement en s'imposant parfois de faire l'exact contraire de ce qui lui était enseigné.

Stylistiquement, Casals tient encore assez bien la route, en admettant un parti pris de se refuser le beau son réverbéré (que de jeunes talents tireront plus tard de son biniou). C'est probablement pour cela que les mélomanes qui savent oublier le facteur ampleur du son pour se concentrer sur l'interprétation reconnaissent en Casals un grand monsieur du violoncelle. Sadlo dira dans les années 60 "I was old enough to know what I needed to learn from him, but not to copy him"

En musique concertante, essayez de trouver son Kol Nidrei (couplé souvent avec Dvorak), c'est probablement la clé la plus accessible pour comprendre ce que Casals voulait faire de son instrument, et c'est une redécouverte de l'œuvre comme du violoncelle.

Casals aura été un violoncelliste de transition, pourfendeur des scories interprétatives propres au XIXème siècle, aujourd'hui inclassable, qui est resté fidèle au long de sa vie à l'esthétique propre du violoncelle qu'il s'était forgée. La carrière musicale de Casals a été au diapason de sa vie publique: rigoureux et sans concession dans ses valeurs, jusqu'à l'isolement.

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