Lu dans Libé, ca m'a fait penser aux discussions sur les logiciels de partitions et plus généralement aux discussions sur les doigtés.
La danse aussi a ses «partitions». Aspect méconnu de l'art chorégraphique, la notation est un outil indispensable à la création et un support d'apprentissage des oeuvres. Pourtant, «notateur» n'est pas un métier en France.
Par Marie-Christine VERNAY
QUOTIDIEN : lundi 22 janvier 2007
Jean-Marc Piquemal a 45 ans. Il est «notateur». Mais, pour l'ANPE, le métier qu'il exerce n'existe pas. Licencié en biochimie, diplômé du Conservatoire national supérieur de musique de Paris et intermittent du spectacle travaillant régulièrement pour diverses compagnies, Piquemal est seulement considéré comme danseur ou assistant chorégraphe.
Qu'est-ce qu'un notateur? Quelqu'un qui transcrit des chorégraphies sur papier, ou qui décrypte des oeuvres anciennes. Si la musique est naturellement reliée à la partition, la danse souffre encore d'être associée à la légèreté, à l'éphémère et à la tradition orale. Alors que le premier manuscrit connu d'un notateur, celui de Cervera, remonte au XVe siècle et que l'on compte une bonne centaine de systèmes de notation, le métier n'est toujours pas valorisé. Il faudra sans doute encore quelque temps pour qu'un diplôme d'Etat soit instauré en France, et pour que la notation fasse partie intégrante de l'enseignement de la danse.
«Choréologue»
Dany Lévêque n'aime pas le mot de notatrice . Diplômée à Londres où elle a fait ses études à l'institut Benesh, elle préfère se présenter comme «choréologue». «Autrement, beaucoup pensent que je donne des notes aux chorégraphes et aux danseurs» comme s'il s'agissait d'un jury de patinage artistique, en quelque sorte. Or le travail est plus complexe. Chaque signe comporte plusieurs informations, comme les annotations qui l'accompagnent. Permanente depuis 1992 au Ballet Preljocaj, centre chorégraphique national installé à Aix-en-Provence, Dany Lévêque souligne que «ce métier est encore trop rare en France, alors qu'il est assez banal dans les pays anglo-saxons».
En notation, la question est de savoir si l'on peut être lu. Problème. Les danseurs ne sont nullement formés pour décrypter une partition chorégraphique, exactement comme si un instrumentiste ou un musicien ne connaissait pas le solfège. Pourtant, témoignant de la diversité des formes d'écritures, la notation est un formidable outil. Grâce à lui, ancré dans le contexte historique et l'imaginaire culturel de la société qui l'a vu naître, chaque système est une manière de comprendre le mouvement.
Reproduire le geste du scribe
Au XVe siècle, les représentations écrites du mouvement de danse sont réservées aux élites. Plus tard, au sein de l'Académie royale de danse fondée par Louis XIV, les maîtres à danser unifient et codifient le vocabulaire et les règles de la danse française. A cette époque, comme aujourd'hui, cette «littérature» de la danse révèle des univers complexes, plus ou moins tourmentés. Aujourd'hui, si des ballets et centres chorégraphiques nationaux ont intégré des notateurs dans leurs équipes, notamment pour l'entretien du répertoire, d'autres ne le font que de manière ponctuelle, ou pas du tout.
L'élément plastique de la notation est déterminant. Le souci des notateurs n'est pas seulement de conserver le mouvement mais aussi de reproduire le geste du scribe et, parfois même, la beauté de l'enluminure. Les notes, dessins et croquis préparatoires à une création fournis par les chorégraphes sont aussi fondamentaux à la compréhension de l'art de la danse. On pense aux schémas de parcours dessinés par Dominique Bagouet, aux personnages de Philippe Decouflé, à ceux de José Montalvo ou encore au travail du critique aujourd'hui disparu Patrick Bossatti. Parfois, l'écriture peut devenir l'oeuvre elle-même, comme ce fut le cas avec une performance de l'Américaine Trisha Brown, It's a Draw, dans laquelle la danseuse dessina la notation avec son corps et ses mouvements. En fait, tout en notation est permis, car cette transcription est complémentaire d'autres supports et d'autres modes d'enregistrement. «Mais c'est la notation qui permet de fournir rapidement les comptes précis et lisibles, comme les intentions dont découle le mouvement», continue Dany Lévêque.
«La notation donne envie de créer»
Utile dans le processus de création, support à l'apprentissage ou au remontage d'une oeuvre, la notation soulève des questions essentielles de constitution, de préservation et de transmission des répertoires de danse. Le Centre national de la danse (CND) organise actuellement une exposition sur la notation (1). Pour Jacqueline Challet-Haas, conseillère scientifique au CND, il s'agit de «montrer que la notation existe, qu'elle peut servir et être diffusée. Pas assez de chorégraphes et de danseurs s'y intéressent, alors que ceux qui s'y engagent se passionnent». «La notation, poursuit-elle, c'est une ouverture énorme, un accès direct aux oeuvres. On peut apprendre beaucoup des grands pionniers et pionnières de la danse contemporaine.» Ce que confirme le chorégraphe Angelin Preljocaj, autre défenseur de la notation: «Ce plain-pied avec l'oeuvre, c'est la garantie de la liberté de l'interprète.» Pour le notateur Jean-Marc Piquemal, c'est aussi un moteur : «La notation donne envie de créer.»
Voilà pourquoi, dans un coin de certains studios, les notateurs suivent chaque geste des danseurs, observent les improvisations, consignent les informations du chorégraphe ou les corrections des interprètes. Huit heures de travail d'écriture, pour une minute de chorégraphie.
(1) «Les écritures du mouvement», exposition pédagogique proposée par le Centre national de la danse, 1, rue Victor-Hugo, Pantin. Tél. : 01 41 83 98 96. Jusqu'au samedi 10 février, http://www.cnd.fr
un métier pas très connu!
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Je ne parle pas aux cons, ca ne les instruit même pas.
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oh très intéressant merci ^^
je fais de la danse (modern-jazz) et je trouve qu'il n'y a rien de plus difficile "écrire" une chorégraphie... etre capable de retranscrire les mouvements d'un danseur sur feuille pour qu'un autre puisse le lire sans avoir le besoin de "voir" la chorégraphie c'est long (il faut décrire la moindre position) et souvent ça ne ressemble à rien en tout cas pour moi.
J'ai fait un stage dans mon école de danse et j'ai du m'absenté en laissant des notes à ma prof : une feuille A4 recto/verso et ecrit tout petit pour expliqué un échauffement de... 1 minute meme pas, encore heureux que les positions de base nous aide un minimum m'enfin...
je fais de la danse (modern-jazz) et je trouve qu'il n'y a rien de plus difficile "écrire" une chorégraphie... etre capable de retranscrire les mouvements d'un danseur sur feuille pour qu'un autre puisse le lire sans avoir le besoin de "voir" la chorégraphie c'est long (il faut décrire la moindre position) et souvent ça ne ressemble à rien en tout cas pour moi.
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ma soeur a fait beaucoup de danse elle voulait etre danseuse avant, elle a étudié comme on "écrivait" la danse. c'est super interessant!! il y a 40mille façon d'écrire c'est le prob parce qu'ils ne se comprennent pas tout le tps
"Nous sommes tous dans le ruisseau mais certains regardent les étoiles" Oscar Wilde