simple question comme ça

[Eos]

Pensez vous que le jeu d'un instrumentiste se rapproche de celui de l'acteur de théâtre, c'est-à-dire qu' il n'est pas lui-même en jouant, ou bien pensez-vous que sa musique exprime son être profond lequel est d'ailleurs bien souvent étouffé par l'hypocrisie de la vie? L'instrument étant alors pour lui la seule manière de s'exprimer...
Oui, je sais question métaphysique à deux sous...

[Intermezzo]

Perso je pense que l'instrumentiste joue selon son profond intérieur... Je ne crois pas qu'on puisse jouer en étant quelqu'un d'autre.. (sauf peut-être dans des shows tels Duel ou le Quatuor). Quant à la seule manière de s'exprimer, je ne suis pas sure, mais disons que c'est son meilleur moyen de faire transparaitre ses sentiments..


C'est vrai que c'est bien une question de L ça...

[solène]

L'instrument est un moyen d'expression.. c'est un intermédiaire pour faire passer des émotions, et le jeu d'acteur consiste à passer d'un état à l'autre selon l'exigence du morceau.. mais ces émotions ne sont pas jouées (dans le sens de fausses), enfin du moins je ne peut pas concevoir qu'on puisse faire naître des émotions au public si elles ne sont pas sincères de la part de l'interprète.. c'est là le gros travail :

pour illustrer ma pensée, un extrait d'une série de "Pensées Familières Constructrices" (affichées dans la salle de cours de violoncelle :p )

"Le rayonnement qui se dégage d'une personnalité artistique et qu'on cherche à caractériser par les mots : individualité, magnétisme, poésie, élégance, charme, distinction, simplicité, autorité, noblesse, sérénité, spontanéité, inspiration, imagination, élévation; est la conséquence de causes profondes. il est de toute importance de les rechercher et de les cultiver au plus intime de soi même...

Le grand "interprète" est celui qui, avec son intuition, ayant compris ce verbe dans son essence, en est devenu pour toute sa vie, volontairement le très humble et patient traducteur.

Car le talent n'est rien, s'il n'est la confidence d'une vie intérieure active, la manifestation d'un sacrifice : l'offrande de soi-même. "


à méditer

[JBap]

Moi je pense qu'au contraire, les deux métiers se rapprochent bcp ! Il n'y a que le langage qui change... un quelconque langage parlé pour les uns, le langage musical pr nous autres ! Une émotion, au théâtre comme en musique, doit pouvoir être jouée... qu'entends-je par là ? Et bien pouvoir, sur commande, rire ou pleurer, sincèrement ! Et cela n'a rien n'à voir avec notre état réel... on doit pouvoir jouer une musique incroyablement triste tout en ne l'étant pas réellement, et pouvoir faire croire à soi-même et au public que l'on se morfond, et inversement. Parfois, il est vrai, les 2 se mêlent... mais c'est selon moi un manque de professionnalisme, ou d'expérience tout simplement ! Par exemple, les membre de grands quatuors (comme les Amadeus), à l'apogée de leur art, ne pouvaient plus se voir en peinture, prenaient d chambres ds des hôtels différents et ne se voyaient que le soir du concert. Pourtant, le public ressentait une telle communication entre eux, véritable communion artistique, qui n'avait rien n'à voir avec leurs sentiments de la "vie réelle" !

[solène]

... je ne dis pas que je suis au bord des larmes quand je joues un passage nostalgique ou dramatique, mais , je m'imagine une situation, un vécu qui traduit ce qu'on ressent de la musique à ce moment.. ça me paraissait tellement evident que j'en doute maintenant.. grrr
surement un manque de professionalisme

[math]

Je pense que l'on eut rapprocher ces deux arts, (d'ailleurs je suis un peu des deux) dans le sens où l'on se sert de son corps pour exprimer des choses. Même si au théâtre on est quelqu'un d'autre durant un instant, on a besoin de se servir de ses propres expériences pour enrichir son personnage, et on a également besoin de comprendre à fond son personnage pour pouvoir se plonger en lui. En musique c'est un peu pareil, on doit je pense saisir l'oeuvre jouée (je ne parle pas forcément d'analyse musicologique de sens etc. mais au moins de saisir l'évolution musicale de chaque phrase), mais aussi pouvoir mettre de soi dans n'importe quel morceau.

De plus dans ces deux branches, il ne faut pas non plus mettre de soi-même, je veux dire dans le sens où si l'on a un personnage gai à jouer alors qu'on déprime, il faut quand-même donner le change, et de même pour un morceau de musique (imaginez un dépressif qui joue le Papillon de Fauré par exemple, bien que je ne le qualifierais pas exactement de morceau gai).
En somme, selon moi, en musique comme en théâtre, il faut pouvoir donner de soi tout en se détachant un minimum de sa propre personnalité pour se mettre au service d'une oeuvre.

[Vanessa]

Les émotions sont jouées sans l'être réellement ... je m'explique

On ne choisit pas les pièces que l'on joue, en tant que musicien il nous revient la mission de les interpréter du mieux que l'on puisse, et ce quelque soit notre état d'esprit du moment qu'on doit oublier ... Comme un acteur que s'immerge dans son personnage, il faut donc se plonger dans l'oeuvre, comprendre son sens et ce que le compositeur a voulu exprimer.
Selon moi, ce qui fait la différence entre un excellent artiste et les autres..., c'est qu'il va se servir de son vécu, des émotions enfouies en lui, qu'il va puiser à l'intérieur de ses "tripes" pour pouvoir interpreter une pièce. Ca c'est un artiste ! Et ceux qui surjouent, sans savoir vraiment de quoi ils parlent, n'ont pas tout compris à leur art, quel qu'il soit ... Les plus grands artistes sont pour moi des êtres sensibles, à l'écoute de leurs émotions, et ne vivant que pour elles.