petits poèmes sur la musique

Tout ce qui n'est pas traité dans les autres forums du site et qui concerne le violoncelle ou la musique en général.
Avatar du membre
Eos
Messages :135
Enregistré le :dim. févr. 12, 2006 7:18 pm
petits poèmes sur la musique

Message par Eos » ven. mars 03, 2006 7:36 pm

Un petit poème qui parle de la musique... auf Deutsch (pour ceux qui comprennent l'Allemand, oh là là, je vais me faire taper sur les doigts par les autres...)

Gottfried Benn

Nachtcafé


I

824: Der Frauen Liebe und Leben.
Das Cello trinkt rasch mal. Die Flöte
rülpst tief drei Takte lang: das schöne Abendbrot.
Die Trommel liest den Kriminalroman zu Ende.

Grüne Zähne, Pickel im Gesicht
winkt einer Lidrandentzündung.

Fett im Haar
spricht zu offenem Mund mit Rachenmandel
Glaube Liebe Hoffnung um den Hals.

Junger Kropf ist Sattelnase gut.
Er bezahlt für sie drei Biere.

Bartflechte kauft Nelken,
Doppelkinn zu erweichen.

H moll: die 35. Sonate.
Zwei Augen brüllen auf:
Spritzt nicht dies Blut von Chopin in den Saal,
damit das Pack drauf rumlatscht!
Schluß! He, Gigi! -

Die Tür fließt hin: Ein Weib:
Wüste ausgedörrt. Kanaanitisch braun.
Keusch. Höhlenreich. Ein Duft kommt mit. Kaum Duft.
Es ist nur eine süße Vorwölbung der Luft
gegen mein Gehirn.

Eine Fettleibigkeit trippelt hinterher.

Avatar du membre
Vanessa
Messages :256
Enregistré le :mar. nov. 16, 2004 8:49 pm
Localisation :Scientrier (Haute Savoie)
Contact :

Message par Vanessa » ven. mars 03, 2006 7:38 pm

Heuuu, c'est gentil ....

Mais si tu parles allemand, tu pourrais nous le traduire :?:

Qu'on puisse vraiment partager ces petits moments de poésie ...

:wink:
"Si la musique n'éxistait pas, la vie serait une erreur" Nietzsche ...

Avatar du membre
Eos
Messages :135
Enregistré le :dim. févr. 12, 2006 7:18 pm

Message par Eos » ven. mars 03, 2006 7:41 pm

Une strophe extraite du poème "La Paix" de Sabine SICAUD (1913-1928), in "Douleur, je vous déteste":

Et puis, je me souviens...
Un son de flûte pur, si frais, aérien,
Parmi les accords lents et graves ; la sourdine
De bourdonnants violoncelles vous berçant
Comme un océan calme ; une cloche passant,
Un chant d'oiseau, la Musique divine,
Cette musique d'une flotte qui jouait,
Une nuit, dans le chaud silence d'une ville ;
Mozart te donnant sa grande âme, paix fragile...

Avatar du membre
Eos
Messages :135
Enregistré le :dim. févr. 12, 2006 7:18 pm

Message par Eos » ven. mars 03, 2006 7:52 pm

Le violon brisé
Aux soupirs de l'archet béni,
Il s'est brisé, plein de tristesse,
Le soir que vous jouiez, comtesse,
Un thème de Paganini.

Comme tout choit avec prestesse !
J'avais un amour infini,
Ce soir que vous jouiez, comtesse,
Un thème de Paganini.

L'instrument dort sous l'étroitesse
De son étui de bois verni,
Depuis le soir où, blonde hôtesse,
Vous jouâtes Paganini.

Mon coeur repose avec tristesse
Au trou de notre amour fini.
Il s'est brisé le soir, comtesse,
Que vous jouiez Paganini.

Emile Nelligan (1879- 1941), Le violon brisé

Avatar du membre
Eos
Messages :135
Enregistré le :dim. févr. 12, 2006 7:18 pm

Message par Eos » ven. mars 03, 2006 7:54 pm

Violon d'adieu
Vous jouiez Mendelssohn ce soir-là ; les flammèches
Valsaient dans l'âtre clair, cependant qu'au salon
Un abat-jour mêlait en ondulement long
Ses rêves de lumière au châtain de vos mèches.

Et tristes, comme un bruit frissonnant de fleurs sèches
Éparses dans le vent vespéral du vallon,
Les notes sanglotaient sur votre violon
Et chaque coup d'archet trouait mon coeur de brèches.

Or, devant qu'il se fût fait tard, je vous quittai,
Mais jusqu'à l'aube errant, seul, morose, attristé,
Contant ma jeune peine au lunaire mystère,

Je sentais remonter comme d'amers parfums
Ces musiques d'adieu qui scellaient sous la terre
Et mon rêve d'amour et mes espoirs défunts.


Emile Nelligan, Violon d'adieu

Avatar du membre
Eos
Messages :135
Enregistré le :dim. févr. 12, 2006 7:18 pm

Message par Eos » dim. avr. 09, 2006 5:54 pm

Un poème en prose sur la viole de gambe:


La viole de Gamba
Le maître de chapelle eut à peine interrogé de l'ar-
chet la viole bourdonnante, qu'elle lui répondit par un
gargouillement burlesque de lazzi et de roulades,
comme si elle eût eu au ventre une indigestion de
Comédie Italienne.

C'était d'abord la duègne Barbara qui grondait cet
imbécile de Pierrot d'avoir, le maladroit, laissé
tomber la boîte à perruque de monsieur Cassandre, et
répandu toute la poudre sur le plancher.

Et monsieur Cassandre de ramasser piteusement sa
perruque, et Arlequin dé détacher au viédase un coup
de pied dans le derrière, et Colombine d'essuyer une
larme de fou rire, et Pierrot d'élargir jusqu'aux
oreilles une grimace enfarinée.

Mais bientôt, au clair de la lune, Arlequin dont la
chandelle était morte, suppliait son ami Pierrot de
tirer les verrous pour la lui rallumer, si bien que
le traître enlevait la jeune fille avec la cassette
du vieux.

- " Au diable Job Hans le luthier qui m'a vendu cette
corde ! s'écria le maître de chapelle, recouchant la
poudreuse viole dans son poudreux étui. " - La corde
s'était cassée.


Aloysius BERTRAND (1807-1841)
(Recueil : Gaspard de la nuit)