DVD de Bernard Grenhouse

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Diabolus in Musica
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DVD de Bernard Grenhouse

Message par Diabolus in Musica » jeu. févr. 16, 2006 11:48 pm

Est ce que quelqu'un a eu l' occasion de voir ce DVD de cours?
Je vais me le procurer prochainement mais si il y a des avis, ils m' interessent!

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Pierre LAGOUTTE
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Message par Pierre LAGOUTTE » ven. févr. 17, 2006 10:41 am




J'ai le DVD de Bernard Greenhouse(master class au Wigmore Hall en février 2005). Je l'avais commandé avant sa mise dans le commerce car j'ai une admiration sans borne pour Greenhouse.

Sans l'avoir rencontré, il a été mon vrai professeur par la lecture d'une interview qu'il avait accordée à la revue de l'American String Teacher Association. J'avais traduit l'article en français et ma traduction a été publiée dans le bulletin de mai 2005 de l'European String Teacher Association. Sa master-class est une merveille de pédagogie. Elle révèle certaines erreurs qui perdurent dans les conservatoires et que les étudiants de haut niveau qui se présentent ont montrées.

-Les commentaires du maître et ceux que l'étudiant fait après la leçon sont en anglais. Si tu comprends l'anglais parlé, aucun problème. Pour ce qui me concerne, je lis facilement l'anglais mais je ne comprends pas l'anglais parlé. Par chance, j'ai une voisine à Mâcon, qui est à la fois professeur agrégé d'anglais et violoncelliste amateur. Elle m'a traduit intégralement les commentaires à l'aide d'un petit dictaphone et j'ai ensuite tout écrit, ce qui constitue un précieux petit fascicule. Je peux montrer le DVD et les traductions à mes amis qui viennent me voir à la maison, mais il m'est interdit de l'envoyer ou de le télécharger par l'auteur des versions.

- Si tu veux consulter ces documents, je t'invite vivement à venir me voir à Mâcon; j'en profiterai mour te montrer l'essentiel de mes travaux de recherche relatifs aux mouvements du violoncelliste.

- Avant de terminer, je voudrais faire part de quelques conseils donnés par Greenhouse dans son interview à la revue américaine, conseils qui peuvent surprendre et que j'ai analysés par une bonne connaissance de la biomécanique et de l'instrument:

Bernard Greenhouse dit: "Je joue très souvent avec le pouce droit tendu. Ne fléchissez pas le pouce car il perd toute sa force....

- Je ne fais jamais d'extensions (main gauche) car les extensions provoquent des crispations dans la main. Je fais de tout petits changements de positions, très prompts, et qui sont inaudibles.

- Je joue avec les doigts de la main gauche plutôt aplatis que courbés. Quand vous tapotez sur une table, vos doigts vont beaucoup plus vite lorsqu'ils sont à plat que fléchis. (Il montre cela dans le DVD). Cette notion de doigts à plat est aussi celle de Rostropovich lorsqu'il parle des "doigts spaghettis".

- Et plein d'autres précieux conseils...

- Alors, sans hésitation, procure-toi le DVD en question. Il y a un distributeur à Paris, mais j'ai oublié le nom car j'ai fait venir le DVD d'Angletere. Et fais-moi part de tes impressions après la vision et l'étude du document.
Pierre Lagoutte, chercheur en biomécanique appliquée au geste instrumental, tous instruments confondus.

Diabolus in Musica
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Message par Diabolus in Musica » sam. févr. 18, 2006 1:01 am

Merci beaucoupour cette réponse!
C'etait la premiere fois que je venais sur le forum...et ca fait plaisir d'avoir une reponse si interessante!
Je ne connais pas non plus Greenhouse en personne mais j'ai eu la chance de travailler avec un ami et eleve de ce grand monsieur du violoncelle.
Les petites references que tu fais a la revue americaine me font revenir en cours...
Je n'ai jamais pu trop comprendre et appliquer ces conseils (j'etais trop jeune et pas encore formé) mais ca va me faire du bien de pouvoir en profiter a nouveau!
Je vais me depecher de comander.
Pour les commentaires en anglais, j'espere y arriver...j'ai travaillé pendant un moment avec un violoncelliste anglais et je pense ne pas avoir trop perdu...si j' ai des doutes, je te l' ecrirai!
Est il possible de se procurer une copie de ta traduction de l' article paru dans l'American String Teacher Association?
Merci encore pour ta reponse!
[/b]

Diabolus in Musica
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Je suis trop nul!!!

Message par Diabolus in Musica » sam. févr. 18, 2006 1:10 am

Au fait merci pour ton invit a Macon Pierre!!!
Je ne sais pas si l' occasion se presentera mais c'est gentil et je serai ravi de voir ton travail!

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JBap
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Message par JBap » sam. févr. 18, 2006 1:19 am

J'ai pris il y a longtemps un cours avec Greenhouse (violoncelliste du Beaux-Arts Trio, pour ceux qui ne savant pas), très bon ami de mon professeur. C'est effectivement un grand pédagogue, mais si ce qu'il dit est très juste, d'autres grands pédagogues (comme Straker) disent le contraire (comme pr le pouce de la main droite par ex, qui doit avant tout ne pas être tendu, peu importe sa position)... ce qui prouve qu'il n'y a aucune vérité, ce qui compte, c ce qui sort, peu importe comment tu t'y prends ! En effet, la façon pour Rostro de tenir l'archet et le cello est totalement opposée à celle de Starker, qui n'a rien n'à voir avec celle de Yoyo Ma... ce sont pourtant tous des violoncellistes merveilleux, et Greenhouse aussi !
Tout ça pour dire que si tous les conseils sont bons, parfois, le contraire peut l'être aussi... à nous de voir ce qui nous va le mieux, et c peut-être ça la pédagogie de la posture, l'art d'observer l'élève et de comprendre quelle sera sa meilleure position pour qu'il puisse exprimer tout ce dont il a envie !

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ANN
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Message par ANN » sam. févr. 18, 2006 8:22 pm

sincèrement BRAVO pour cette belle sagesse, JBap. :D

pour cette histoire de pouce d,j'ai été à l'école du pouce arrondi.
Ce qui se défend.
Puis,avec "la bouteille" j'ai appris a observer la main en état de totale décontraction (qd elle pend au bout du bras).Mon idée maintenant, c'est que chacun essaie de rester le plus proche de sa forme de main à l'état de détente.Ce qui peut être très différent d'un celliste à l'autre.

une élève adulte a pris mes propositions tellement au pied de la lettre que son pouce d est trop plié!!! et que cela entraine de fichues crispations... :cry:

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Pierre LAGOUTTE
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Message par Pierre LAGOUTTE » dim. févr. 19, 2006 10:15 am





Pour Diabolus in Musica :

- Tu pourras te procurer une copie de ma traduction de l'interview de Greenhouse dans le bulletin N°16 de mai 2005 de l'E.S.T.A. mais je t'indique un nouvel article sur Greenhouse, une interview justement par Laurinel Owen, publiée dans le numéro de janvier 06 de la revue "The Strad". Je consulte régulièrement cette publication à la médiathèque du C.N.S.M. de Lyon, une fois par mois. Un trésor d'informations à la disposition des musiciens.

- J'ai dû traduire jusqu'à présent plus de trois mille pages d'anglais: une douzaine d'ouvrages spécialisés et de nombreux articles de revues anglaises et américaines. (toutes traductions dactylographiées, consultables à la maison).

- Pour ce qui est des commentaires relatifs à la mise en pratique des conseils donnés par Greenhouse, je te renvoie à la réponse que je fais à JBap. Il a posé le problème.

à JBap

- J'ai apprécié ta réponse sur Bernard Greenhouse. Je préciserai cette analyse dans un autre message.

- Evidemment, la diversité de conseils venant de très grands violoncellistes (comme de nombreux autres instruments), l'opposition totale, même, peut dérouter. C'est ce que dit le professeur Victor Sazer dans la préface de son livre si précieux "New Directions in Cello Playing" (Je l'ai traduit en français).

- Imaginons ce qui arriverait si on passait d'un professeur comme Starker à Greenhouse ou Rostropovich en cours d'études. Le résultat est prévisible: une solide dépression nerveuse! Cela ne pouvait cependant pas m'arriver en suivant, même par textes ou DVD interposés,les différentes doctrines car, connaissant de manière approfondie le fonctionnement du corps humain, je pouvais interpréter tout ce qui est contradictoire dans les analyses pédagogiques de ces maîtres.

- A la vérité, le fond du problème tient dans une seule remarque: ces grands maîtres ne détiennent, et n'enseignent qu'une semi-vérité, qu'il érigent en vérité absolue. C'est le cas de Greenhouse, de Tortelier, de Starker, et même de Casals. J'ai l'air d'une prétention à giffler, en disant cela, mais je vais essayer d'en apporter quelques justifications:

- Questions de posture, que JBap évoque : je connais bien celle de Starker (penchée en avant parce qu'il dit à qui veut l'entendre qu'il faut laisser tomber le haut du corps en avant, avec pour conséquence une pique courte et un instrument plutôt dressé), et celle de Tortelier (assis en arrière du siège, jambes allongées en avant, longs bras qui le conduisent à surélever le violoncelle avec une pique de sa conception... que pratiquement tout le monde a abandonnée: je n'en vois plus dans les grands orchestres (et pourtant, j'ai commencé l'apprentissage avec cette pique coudée, que j'ai abandonnée assez vite).

- Au sujet de la longueur de la pique; il faut que je raconte une anecdote savoureuse:

La violoncelliste Maria Kliegel jouait avec une pique relativement longue, comme on le voit assez fréquemment. Elle est allée demander des leçons à Starker. Celui-ci, ancré dans sa posture, a exigé que Maria raccourcisse nettement sa pique. M.K. a obtempéré, mais elle a dit qu'elle se sentait très mal à l'aise avec cette nouvelle posture. Aussi, lorsqu'elle travaillait chez elle, elle réallongeait sa pique... et elle la tirait courte lors de la leçon suivante avec Starker.

Il s'est trouvé que Starker à dû prendre une année sabbatique et qu'il n'a pas donné de leçons à Maria... qui s'est dépêchée de réallonger sa pique à sa convenance. Starker revenu, M.K. est retournée prendre une leçon, mais, cette fois, en gardant sa pique longue. Starker a observé en silence, mais, à la fin, il a dit à Maria: "Après tout, si cette longueur de pique vous convient, vous n'avez qu'à continuer comme çà !"

-N'est-ce pas une belle illustration des oppositions entre les théories pédagogiques?

PS Informations complémentaires...

Je viens de retrouver dans mes documents encore une interview de Bernard Greenhouse par un éminent critique américain Tim Finholt (entre 1995 et 1997).

Cette interview a été publiée sur le site de l'Internet Cello Society. Elle fait partie d'une série d'entretiens de Tim Finholt avec plusieurs grands violoncellistes: Maria Kliegel, Anner Bylsma, Gerhard Mantel (dont j'ai reçu une chaleureuse lettre autographe), Victor Sazer (J'ai déjà cité plusieurs fois son livre "New Directions in Cello Playing"), Dimitri Markevitch (J'ai assisté à une master-class qu'il a faite au Creusot:71), Janos Starker, Gary Hofman, Steven Isserlis, Frances Walton, Trulls Mork, et Eleonore Schoenfeld.

- Que d'informations précieuses dans ces interviews que j'ai presque toutes traduites en français. Même un amateur attentif y trouve sa part.

- Quant à Laurinel Owen, elle a fait également une série d'interviews avec de grands violoncellistes, parues dans les bulletins de l'A.S.T.A.

- A voir également : dans "La Lettre du Musicien" de Novembre 2005, un dossier très documenté sur l'acoustique du violoncelle.

- Et dans les deux numéros de Novembre de la même revue, deux remarquables articles de Pascal Le Corre, sur la mémoire musicale. Il est pianiste mais ça vaut pour les violoncellistes.

Je voudrais ajouter une chose au sujet de la diversité des doctrines pédagogiques des grands maîtres: et c'est encore Maria Kliegel qui parle (ma traduction d'un extrait de l'interview par Tim Finholt).

- "J'avais des problèmes de tenue d'archet. Lorsque je demandais des conseils à Starker, il m'expliquait en détail comment on place le pouce et chaque doigt sur l'archet. Par la suite, j'ai eu l'occasion de rencontrer Rostropovich. Il était en train d'accompagner une chorale au piano. Je lui demandai: "Mâitre, voulez-vous me donner quelques conseils au sujet de la tenue de l'archet du violoncelle ? Rostro la regarda, et, sans même s'arrêter de jouer du piano, répondit: "Ah, l'archet, tenez-le avec votre pied si vous voulez, pourvu que ça marche!.

Et Maria Kliegel ajoute: "Ce genre de conseil me mettait dans un embarras stressant !"

Modifié en dernier par Pierre LAGOUTTE le lun. févr. 20, 2006 11:41 am, modifié 4 fois.
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Message par JBap » dim. févr. 19, 2006 1:06 pm

Je trouve l'attitude de Maria Kliegel qq peu puérile... Il faut qd même également que l'élève, alors qu'on change ses habitudes, passe par-dessus le mouvement (normal) de rejet de la nouvelle position, et essaie d'en ressentir les avantages, avant de dire "non". Cela implique de travailler comme ça un petit moment... notre jeune âge sert à cela, nous élèves, chercher, encore chercher, quitte à faire fausse route parfois ! Mon professeur par exemple, a travaillé avec des gens aussi différents que Gendron, Tortelier ou Parisot. Question pique, il m'a dit avoir tout essayé... pour trouver ce qui lui convenait le mieux ! Mais aux nouveaux élèves arrivant avec une pique très haute, il leur fait essayer une pique basse et inversement. Pas nécessairement pour les faire changer, non, mais pour susciter en eux la recherche, et qu'ils évientent de se dire à 20ans qu'ils ont trouvé la vérité sur la hauteur de leur pique :wink:

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Pierre LAGOUTTE
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Message par Pierre LAGOUTTE » sam. févr. 25, 2006 7:52 pm

Pierre LAGOUTTE a écrit :
Bernard Greenhouse dit: "Je joue très souvent avec le pouce droit tendu. Ne fléchissez pas le pouce car il perd toute sa force....


"La génération du pouce"

Comme on le sait, le téléphone portable s'est répandu avec une vitesse fulgurante, accompagné, soit dit en passant, par l'invention de ce langage elliptique (dont on retrouve d'abondantes traces dans les SMS).

- Dans ce message, je voudrais évoquer et préciser le rôle du pouce, dans l'usage du portable, et par extension, dans le jeu du violoncelle.

- Bien que je n'aie pas de portable, je vois très souvent la façon de le tenir et de former des numéros. Quelle que soit la main, on l'immobilise en fléchissant les derniers doigts sur les muscles hypothénariens de la paume (que j'ai désignés déjà plusieurs fois comme la zone "de force", la "pince-étau" de la main). On veut, de cette manière, laisser au pouce la plus grande mobilité possible, depuis son articulation "de base" (la trapézo-métacarpienne). Que l'on veuille bien pardonner au scientifique que je suis d'appeler les choses par leur nom. Le pouce parcourt aisément ces claviers.

- Comme chacun peut l'observer, le pouce n'a que deux phalanges (les autres doigts en ont trois qui s'appellent: phalange, phalangine et phalangette, en partant de leur articulation à la paume).

- Bien que le pouce n'ait que deux phalanges, les anatomistes s'accordent pour dire que le métacarpien de ce doigt constitue en fait une phalange, bien qu'il se situe dans la paume. Le pouce jouit ainsi d'une exceptionnelle mobilité. Il peut "s'ouvrir"en s'écartant nettement de la paume, ou, par des mouvements de flexion-rotation complexes, venir se placer en opposition avec chacun des doigts.

- J'arrête là cette description anatomique en renvoyant le lecteur intéressé au "Cours de Physiologie articulaire" du docteur Kapandji, mon conseiller et ami. Voir le tome 1 "Le membre supérieur", pages 216 à 262.

- Tous les utilisateurs de portables, ou de télécommandes, utilisent la grande mobilité du pouce pour amener la pulpe de la seconde phalange sur les chiffres ou lettres cherchés.

- Ce sont les Japonais, grands fabricants et utilisateurs de portables qui ont baptisé la génération des moins de vingt cinq ans "la génération du pouce", titre d'un article de presse.

- Une telle mobilité du pouce trouve son application aussi bien dans le jeu du violoncelle (main gauche et main droite), que dans celle des portables. Il me faudrait plusieurs pages pour aborder toutes les situations de jeu. Je me contenterai de revenir sur le conseil de Bernard Greenhouse, qui a surpris et suscité des contestations: (revoir la citation ci-dessus). Il y a une photo qui montre le pouce droit d'Anne Gastinel tendu sur l'archet, et un article américain dans lequel on dit que Casals jouait parfois avec le pouce tendu. Le conseil de Greenhouse est inattaquable. Il m'a permis de résoudre des problèmes d'instabilité de l'archet dans la main; Cependant, comme tout conseil péremptoire, il n'a qu'une part de vérité. Il contient donc une part d'erreur... Pour dire que le pouce doit être fléchi ou tendu, il faut examiner les situations de jeu: à la corde, ou par chutes et rebonds. Dans le jeu "à la corde", la corde porte l'archet, comme l'aurait dit monsieur de Lapalisse! Le pouce reçoit donc moins de compression de la part des doigts, et sa souplesse lui permet, par des flexions dosées, de condujre l'archet avec beaucoup de "nuances gestuelles". L'index, en particulier, peut se fléchir plus ou moins sur la baguette, il est plus ou moins "crochetant". Ce serait trop long de parler de chacun des doigts sur l'archet. Le violoniste L. Sandor évoquait ses "gammes de doigts sur l'archet". Je commence toutes mes séances de travail par de telles "gammes de doigts sur l'archet", où le pouce tient une grande part (quelques minutes d'une intense prise de conscience sensori-motrice).

- Avant de continuer, je suis obligé d'ajouter quelque chose aux considérations anatomiques évoquées au début de ce message. Le pouce est un doigt particulièrement "intelligent", bien qu'il soit moins rapide que les autres du fait de son type d'innervation. On trouve, dans les traités de neurologie un schéma qui représente les aires corticales du cerveau et, par dessus ces aires, une représentation des différentes parties du corps humain, "étalées" sur la surface, mais avec une importance en relation avec les aires corticales concernées. C'est ainsi que la main tient, par rapport à tout le reste du corps, une place étonnemment importante, et, dans cette si grosse main, le pouce tient une place absolument énorme. Ensuite, par ordre d'importance, viennent l'index et le majeur. Les deux derniers doigts ont nettement moins d'importance. Cette représentation est valable pour les zones sensorielles et les zones motrices.
- Sur ce schéma, la tête, avec en particulier la bouche et la langue, ont également une grande importance. Quant au tronc, aux bras, aux jambes (avec les pieds) ils sont de taille "naine". Ce schéma se nomme " l'homunculus de Penfield et Rasmussen". Il est bien connu de tous les étudiants en médecine.

- On comprendra que cette importance du pouce se retrouve dans le jeu du violoncelle. Dans le jeu d'archet "en suspension": tous les sautillés, spiccatos, jetés, ricochets, qui exigent une ferme préhension, la colonne des phalanges du pouce doit se tendre pour assumer la compression des phalanges des doigts. On joue avec le pouce tendu "sans quoi il perd toute sa force!"

- Il serait trop long de répertorier toutes les situations de jeu, avec les différentes parties de l'archet, et en fonction des paramètres de vitesse et de pression. Toujours est-il que le pouce décrit des "huit", s'étendant, se fléchissant ou tournant sur lui-même.

- Tout ceci est facile à montrer l'archet à la main plutôt qu'avec des mots et des phrases, mais comment faire autrement quand on s'exprime sur un forum?
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JBap
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Message par JBap » dim. févr. 26, 2006 4:58 am

EN résumé, je dirais surtout que, pouce tendu ou fléchi, on doit avoir conscience de la position que l'on adopte, et pouvoir en changer si la situation l'exige, ou même par simple envie. Ceci s'élargit bien sûr à la position dans son ensemble : il n'y a pas de vérité, et nous n'auront un jeu complètement libre que qd nous serons pleinement conscients de la position de chacun de nos membres et articulations, que cette position aura été réfléchie, et que l'on sera capables de modifier n'importe quelle position de n'importe quelle articulation à loisir, sans éprouver de gène.