Revenons à notre mouton
François 2 a écrit : ↑ven. juin 22, 2018 2:06 pm
Cello-mania a écrit : ↑ven. juin 22, 2018 1:18 pm
Effectivement c'est très juste, la position d'archet par en dessous a toujours était plus récurrente en France qu'ailleurs. Pour Nikolaus Harnoncourt ( Homme très pointilleux sur la sonorité des instruments) l'archet paume vers le haut est réservé uniquement à la viole de gambe.
Je demande :
1. la citation exacte d'Harnoncourt (avec la référence).
2. des preuves textuelles ou iconographiques.
Je présenterai ensuite mes arguments.
Réponse de Cello-mania :
trente années d'expérience et de réflexion que nous livre Nikolaus Harnoncourt, dans ce qu'on peut considérer comme une véritable «philosophie de la musique ancienne».
Désolé, il faudra acheter le livre, mais c'est un très bonne investissement...
Merci pour le conseil. Je n’ai malheureusement plus les livres d’Harnoncourt que j’ai prêtés à je ne sais plus qui, et que je n’ai jamais revus…
Mais quand même, quelle étrange façon d’argumenter, en laissant au contradicteur le soin de trouver les preuves de ce que l’on avance! Quoi qu’il en soit, je suis prêt à parier un carton de bouteilles des excellents vignobles d’Aix-en-Provence qu’Harnoncourt, musicien très cultivé, n’a jamais écrit que « l'archet paume vers le haut est réservé uniquement à la viole de gambe. »
Il me semble que les documents que j’ai donnés prouvent suffisamment le contraire, à savoir que la tenue par en dessous
pour l’archet de violoncelle était très répandue en Europe.
En ce qui concerne la France c’est un peu différent. Il est vrai que le violoncelle s’y est imposé tardivement (dans les années 1720), et que la viole, avec tenue d’archet par en dessous, a résisté longtemps. Ceci dit, il existait une forme ancienne de basse, appelée basse de violon, de taille un peu plus importante que le violoncelle, à quatre ou cinq cordes, accordée en sib (un ton en dessous du violoncelle). En France, cette basse était jouée avec une tenue par en dessus, comme l’atteste le témoignage de Muffat (1698) : les Français, dit-il, lorsqu’ils jouent de la basse (la version italienne du texte dit «
il violoncino », autre façon de nommer le violoncelle en Italie à la fin du XVIIe siècle), tiennent l’archet « en serrant le crin avec le pouce, et en appuyant les autres doigts sur le dos de l’archet » ; en ceci ils diffèrent des gambistes.
Dans l’arrière plan d’une gravure d’époque représentant Lully, on aperçoit un joueur de basse avec cette tenue d’archet :
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Dans sa méthode de violoncelle publiée à Paris en 1741, Corrette dit expressément que les joueurs de viole qui voudront se mettre au violoncelle devront changer leur tenue d’archet, et ne décrit que des tenues par en dessus (deux tenues « françaises » avec pouce sous le crin, une tenue « italienne » avec pouce sous la baguette). Au frontispice de sa méthode (consultable sur IMSLP) on peut voir un violoncelliste avec cette tenue.
Un dessin de Ghezzi daté de 1724 montre le violoncelliste Saint-Sevin (dit L’Abbé l’aîné), un des promoteurs du violoncelle en France, tenant également son archet par en dessus :
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Je ne connais aucun document iconographique montrant un violoncelliste français du XVIIIe siècle avec une tenue d’archet par en dessous.
La France semble donc avoir constitué une exception en ce qui concerne la tenue d’archet. La diversité des tenues en Europe montre qu’il ne faut assurément pas être dogmatique en la matière. Il est cependant dommage que si peu de violoncellistes « baroques » d’aujourd’hui tentent l’expérience de tenues autres que l’italienne (pouce sous la baguette) et essaient la tenue dite « française » (en réalité elle se trouve partout en Europe) avec pouce sous le crin ou bien la tenue par en dessous.